Deuxièmes Journées Perception Sonore 2012

10 et 11 décembre 2012

CNRS Laboratoire de Mécanique et d'Acoustique

31, Chemin Joseph Aiguier

13009 Marseille


Envahissement sonore et schizophrénie : de l'utilité de la synthèse sonore dans la recherche en psychiatrie.


Jean-Arthur MICOULAUD-FRANCHI1,2, Mitsuko ARAMAKI2, Alexandre ELKAIM11,2, Adrien MERER3, Michel CERMOLACCE1,2, Sølvi YSTAD3, Richard KRONLAND- MARTINET3, Jean VION-DURY1,2

  1. Unité de Neurophysiologie, Psychophysiologie et Neurophénoménologie (UNPN),Pôle de Psychiatrie Universitaire, Hôpital de Sainte-Marguerite, 270 Bd de Sainte-Marguerite, 13009 Marseille, France,
  2. Laboratoire de Neurosciences Cognitives, LNC, CNRS UMR 7291, Aix-Marseille Université, Site St Charles, 3 place Victor Hugo, 13331 Marseille cedex 3,
  3. Laboratoire de Mécanique et d'Acoustique, CNRS, UPR 7051, 31, chemin Joseph Aiguier 13402 Marseille Cedex 20

Chez les patients souffrant de schizophrénie, les descriptions phénoménologiques et cliniques historiques de Bleuler (1911) et McGhie&Chapman (1961) notaient la présence d’une extrême sensibilité aux stimuli extérieurs (en particulier sonores) avec une sensation d’inondation ou d’envahissement sensoriel et perceptuel, associée à une distractibilité vers des stimuli non pertinents. Ces caractéristiques sensorielles et perceptuelles sont traditionnellement analysées de deux façons. Premièrement, par des évaluations subjectives offline utilisant des auto-questionnaires en particulier l’échelle Sensory Gating Inventory (SGI) (Hetrick et al., 2012). Deuxièmement, par des évaluations neurophysiologiques basées sur la méthode des potentiels évoqués auditifs (PEA) en particulier le potentiel P50 avec un paradigme de conditioning-testing (Adler et al., 1982) et le potentiel P300 avec un paradigme oddball (Roth et al., 1972).
Cependant, la littérature sur le lien, dans la schizophrénie, entre les évaluations subjectives offline et les mesures neurophysiologiques restent contradictoires. La présente étude vise à poursuivre l’exploration de ce lien par le biais d’une évaluation plus proche de l’expérience subjective vécue. Pour cela, nous proposons de compléter l’investigation par un protocole original d’évaluation subjective online de l’envahissement par des stimuli auditifs en utilisant un synthétiseur immersif de sons d’environnement développé au LMA (Verron et al., 2010) et qui, dans le cadre de l’étude, peut être pensé comme « une machine d’inondation sensorielle auditive » (Gottschalk et al., 1972). Nous présentons dans un premier temps, la traduction française et la méthode de validation de l’échelle SGI et dans un deuxième temps, les résultats préliminaires de corrélations entre les évaluations subjectives online et les mesures neurophysiologiques du potentiel P50 pour un groupe de 10 patients souffrant de schizophrénie.
L’ensemble des résultats obtenus par cette triple évaluation subjective (offline, online et neurophysiologique) permettront d’une part, de mieux comprendre dans la schizophrénie les incapacités à filtrer les informations incongrues et à sélectionner un stimulus d’intérêt, et d’autre part, de montrer la fécondité d’une recherche psychiatrique inspirée par des descriptions cliniques phénoménologiques et enrichie par une approche pluridisciplinaire intégrant neurophysiologie et acoustique.