Le concept de « matériau architecturé » recouvre une démarche par laquelle on ne s’intéresse plus seulement à l’échelle de la micro-macrostructure, mais également à son architecturation dans l’espace. Cette démarche se développe à la fois pour les échelles traditionnelles de la science des matériaux (nanomètre – micromètre) mais également à une échelle intermédiaire par rapport à celle des composants, celle du millimètre. En jouant sur la combinaison des propriétés des matériaux et de leur architecture dans l’espace, il devient possible de répondre à des cahiers des charges complexes, multifonctionnels, auxquels un matériau seul, de conception traditionnelle, ne pourrait répondre. Ces matériaux soulèvent de nombreux défis scientifiques et concernent un grand nombre de domaines scientifiques : la mise en œuvre des méthodes innovantes pour les essais mécaniques, le développement de nouvelles équations constitutives et le développement de nouvelles méthodes de conception. Dans ce contexte, des matériaux architecturés en élastomère silicone ont été développés pour satisfaire les exigences en termes de propriétés multifonctionnelles. Une attention particulière est portée aux méthodes expérimentales permettant d’obtenir des champs de déformation hétérogènes, notamment les mesures par stéréo corrélation d’images (3D-DIC). Les résultats sont utilisés pour développer et améliorer les lois de comportement afin de prédire le comportement mécanique de ces matériaux. Les paramètres clés pour la modélisation sont ainsi mis en évidence, avec notamment la prise en compte de l’anisotropie induite par l’effet Mullins dans les élastomères silicones. Les lois constitutives sont finalement intégrées à un code de calculs éléments finis (Abaqus), afin de prédire le comportement et améliorer la conception des applications potentielles.