Certaines applications, comme la caractérisation du cancer, pourrait bénéficier d’une évaluation à la fois de la
microstructure tissulaire et vasculaire. En effet, les tumeurs, vont présenter des différences tissulaires avec les
tissus sains et entre elles, notamment dans leurs propriétés mécaniques et organisations spatiales. Les tumeurs
vont également présenter une vascularisation anormale : irrégulièrement anastomosée et présentant des shunts
artério-véneux par exemple. Les microstructures tissulaire et vasculaire peuvent être évaluées par des méthodes
ultrasonores : la spectroscopie ultrasonore quantitative et la microscopie par localisation ultrasonore.
La microscopie par localisation ultrasonore est une technique récente ( 10 ans) pour estimer la structure
microvasculaire avec une pénétration centimétrique et une résolution à l’ordre du micromètre [1]. Le principe
de cette technique, basée sur l’imagerie optique FPALM [2], consiste à détecter et localiser finement des
microbulles (agents de contraste ultrasonore) individuelles dans les vaisseaux sanguins et de suivre leurs
déplacements pendant des acquisitions ultrasonores ultra-rapides. Une des problématiques pour détecter les
microbulles est de pouvoir séparer les signaux des microbulles de ceux des tissus. Pour cela, un filtre spatio-
temporel est une solution efficace. Cependant, ce type de filtre ne permet pas de détecter les microbulles les
plus lentes, dans les plus petits vaisseaux, (< 1 mm/s). L’imagerie de modulation radiale permet de détecter ces
microbulles à haute fréquence par l’utilisation d’une excitation bi-fréquentielle (fréquences de manipulation et
d’imagerie) [3,4]. Les pulses d’imagerie émis durant les phases de raréfaction et de compression de la fréquence
de manipulation sont soustraits pour supprimer les signaux des tissus. Cette technique présente cependant des
inconvénients comme la difficulté de synchronisation et la nécessité de compenser pour la dispersion des pulses
d’imagerie par la présence des pulses de manipulation. Afin de simplifier et d’améliorer le processus d’imagerie
de modulation radiale, nous avons proposé l’imagerie de modulation radiale ultra-rapide. Une autre
problématique de la microscopie par localisation ultrasonore réside dans le temps d’acquisition pour obtenir
la cartographie de la microvascularisation car seules les microbulles individuelles peuvent être détectées. Afin
d’augmenter le nombre de bulles détectées et notamment lors de bifurcations de vaisseaux sanguins, nous
avons évalué l’intérêt des algorithmes de formations d’images ultrasonores adaptatives permettant d’obtenir
des images avec une meilleure résolution latérale et donc de mieux discriminer des microbulles proches que
par formation d’images classiques.
La spectroscopie ultrasonore quantitative permet de remonter à des informations sur la microstructure tissulaire
par l’évaluation du coefficient de rétrodiffusion (BSC) ultrasonore. Il existe deux approches principales pour
estimer des paramètres quantitatifs à partir du BSC : l’approche spectrale de Lizzi-Feleppa [5] et l’approche
quantitative ultrasonore [6]. L’approche spectrale permet d’extraire des paramètres du BSC approximé par une
droite : la pente, l’ordonnée à l’origine et la valeur à la fréquence centrale. L’approche quantitative ultrasonore
permet d’estimer des paramètres des diffuseurs par l’utilisation d’un modèle théorique de diffusion ultrasonore.
Ces deux approches ont été utilisées dans différents types d’applications : la caractérisation tissulaire, la
caractérisation de l’agrégation des globules rouges, l’évaluation du taux de graisse dans le foie ou l’évaluation
de la mort cellulaire par traitement anti-cancer. Nous nous sommes intéressés dans une première étude à
déterminer le(les) paramètre(s) le(s) plus approprié(s) pour évaluer le taux de graisse dans le foie. Dans une
seconde étude, l’identification de la (des) structure(s) cellulaire(s) impliquée(s) dans la diffusion ultrasonore
(noyau, cellule, cellule et noyau) via l’approche quantitative a été étudiée pour des biofantômes de cellules et
des tumeurs ex vivo des mêmes types cellulaires.
[1]Couture O, Hingot V, Heiles B, Muleki-Seya P, Tanter M. Ultrasound Localization Microscopy and Super-Resolution : A State
of the Art. IEEE Transactions on Ultrasonics, Ferroelectrics, and Frequency Control 2018 ;65:1304–20.
[2] Betzig E, Patterson GH, Sougrat R, Lindwasser OW, Olenych S, Bonifacino JS, et al. Imaging Intracellular Fluorescent Proteins
at Nanometer Resolution. Science 2006 ;313:1642–5.
[3] Chérin E, Brown J, Måsøy S-E, Shariff H, Karshafian R, Williams R, et al. Radial Modulation Imaging of Microbubble Contrast
Agents at High Frequency. Ultrasound in Medicine & Biology 2008 ;34:949–62.
[4] Masoy S-E, Standal O, Nasholm P, Johansen TF, Angelsen B, Hansen R. SURF imaging : In vivo demonstration of an ultrasound
contrast agent detection technique. IEEE Transactions on Ultrasonics, Ferroelectrics, and Frequency Control 2008 ;55:1112–21.
[5] Lizzi FL, Greenebaum M, Feleppa EJ, Elbaum M, Coleman DJ. Theoretical framework for spectrum analysis in ultrasonic tissue
characterization. The Journal of the Acoustical Society of America 1983 ;73:1366–73.
[6] Madsen EL, Insana MF, Zagzebski JA. Method of data reduction for accurate determination of acoustic backscatter coefficients.
The Journal of the Acoustical Society of America 1984 ;76:913–23.