De Leonard de Vinci à nos jours, le « coefficient de frottement » dit d’Amonton-Coulomb (Amonton 1699, Coulomb 1773) reste l’ « indicateur » le plus utilisé pour décrire le comportement tribologique d’un contact ; ceci est tout particulièrement vrai pour les industriels. La raison : une apparente simplicité de mise en œuvre de la mesure globale des efforts normaux et tangentiels qui servent à le calculer. Néanmoins, ces mesures ont pour désavantage d’intégrer toute la complexité tribologique d’un contact en la masquant. Ceci a alors mené à des mésinterprétations dont la plus commune réside dans la considération, à tort, du « coefficient de frottement » comme une propriété intrinsèque des matériaux !
Lever le voile sur cette complexité tribologique représente donc tant une nécessité qu’un véritable défi scientifique. Nécessité, car il faut corriger et éviter de nouvelles mésinterprétations liées à l’usage abusif du « coefficient de frottement » comme principal indicateur tribologique. Défi, car il faut expérimentalement instrumenter le contact d’un point de vue local sans le perturber et numériquement modéliser sans connaître les propriétés locales nécessaires pour la modélisation…
Pour relever ce challenge, les concepts de triplet tribologique, circuit tribologique et sites d’accommodations ont été introduits par Godet (1984) et Berthier (1988) ; ils permettent de synthétiser efficacement les informations tant à l’échelle du mécanisme, qui contient les deux 1ers corps en contact, qu’à celle de la couche interfaciale de 3ème corps, qui évolue entre les corps en contact.
Sur la base d’exemples concrets tant industriels qu’académiques, cet exposé a pour vocation de présenter les défis expérimentaux actuellement relevés pour reconstruire le circuit tribologique d’un contact sec et d’expliquer l’origine du « facteur de frottement » mesuré macroscopiquement. Naturellement, les limitations actuelles et perspectives associées seront aussi évoquées avec pour objectif de reconstruire, in fine, la vie d’un contact sec.